samedi 29 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri " -16- Le paysage contrasté

Il se trouvait debout sur une ligne de démarcation bien distincte, avec en face une contrée verdoyante et resplendissante et derrière lui un paysage funeste et lugubre qu’il aurait évité bien volontiers si le besoin ne l’y menât, surtout maintenant qu’il a vu cette apparition généreuse de la nature. Il se délecta un moment de ce délice tout en couleurs et ne pût s’empêcher de se dire que la nature, par le contraste des paysages qu’elle offrait, avait aussi ses hérésies. Comment appréhender à son âge la rudesse de la nature d’un côté et sa clémence de l’autre. Il n’y comprenait rien et s’expliquait difficilement cette lubie floristique.
Il sentit alors une bise fraiche lui caresser le visage, il leva les yeux, vit le soleil rougir et réalisa qu’il devait accélérer son allure s’il voulait arriver avant la nuit noire au village. Il abordait déjà une descente et vit les premières masures prendre forme au fur et à mesure qu’il se rapprochait. La présence du chien dont lui a parlé le voyageur ne l’inquiétait pas outre mesure. La période qu’il avait passée dans l’autre Douar, au contact de ce genre d’animal, lui a permis d’apprendre à se maitriser devant un chien et à repousser ses attaques à l’aide d’un gourdin ou de jets de pierres.

lundi 24 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -15- La marche vers l'inconnu

Au fur et à mesure qu’il avançait, il faisait défiler devant ses yeux toutes les tâches qu’il savait maintenant faire. Mais il ne s’en enorgueillit point, car il se rappelait le jour où il était à Essaouira et où les enfants de son âge allaient à l’école alors que lui faisait la vaisselle, lui fils de surcroit d’un Adl lettré et averti. Il venait de déduire de cela que le bon sens était inné chez tout un chacun et qu’il ne s’acquière pas nécessairement par l’apprentissage et l’éducation. Néanmoins cette idée ne calmait point la rage qu’il avait contre son père car s’il y avait quelques choses qu’il ne lui pardonnait point, après les châtiments corporels, c’était bien ce manquement du devoir d’un père envers sa progéniture en matière enseignement.
A cet instant, l’apparition d’une silhouette au loin, tirant sa monture, le fit extraire de ses rêveries diurnes. C’était la première âme qu’il voyait depuis qu’il avait quitté Tlet El Hanchane.
Cela le tranquillisait quelque peu et se disait qu’il se rapprochait sûrement de quelques habitations où il pouvait déjà commencer à faire sa quête de travail.
Alors qu’il saluait au passage l’autre marcheur, qui arrivait en sens inverse, il lui fit signe de s’arrêter et lui demanda quelques informations.
Le prochain Douar était à une heure de marche mais n’apparaissait pas au loin en raison d’une légère montée.
Un chien méchant, duquel il faut se méfier, se trouverait au niveau de la première masure.
Non personne au village n’aurait besoin d’un berger.
Telles étaient les informations qu’il reçut de l’autre voyageur dans un dialecte berbère ponctué de gallicismes arabes. Mehdi avait appris le berbère durant les trois années de son séjour dans la région s’étalant entre Haha et Chiadma et le parlait couramment.
Arrivé en haut de la pente, Mehdi s’arrêta net, éberlué d’extase devant un paysage sublime qui s’offrait à ses yeux.
Une vallée, peu escarpée, toute en verdure se prolongeait à perte de vue si bien qu’on distinguait difficilement son flanc en ubac.
Mehdi n’en revenait pas, il se frottait les yeux, serait-ce la fatigue de la longue marche qui lui jouerait des tours ? Il se retourna et découvrit le chemin poussiéreux et désolant qu’il venait d’emprunter, se retourna à nouveau et découvrit ce paysage paradisiaque sorti de nulle part.

jeudi 20 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -14- A la croisée des chemins

Le soleil était haut dans le ciel, quand Mehdi arriva à la patte d’oie de Tlat El Hanchane. Il fit une pause sous un arbre, sorti un morceau de pain de sa sacoche et tout en y mordant à plein dent, comme pour impressionner la férule du destin, il continuait à cogiter en pensant à son futur proche et notamment à la route à prendre maintenant qu’il est de nouveau à la croisée des chemins.Plusieurs supputations se bousculaient dans son esprit. Tant pis je reviens à Essaouira, je demande à la juive de me faire travailler et si tôt que j’aurai mis de côté quelques sous pour le voyage je quitte définitivement la région. Tout de suite il se détacha de cette idée car il risquait encore une mauvaise rencontre, une personne qui pourrait le reconnaître malgré que maintenant, plus basané et plus aguerri, il avait encore les traits du petit Mehdi le fils du « Adl » My Brahim. Alors je suivrai le chemin du muletier qui avait apparemment besoin d’un berger. Il se leva comme décidé à partir, pivota sur lui même et se rassit, laissa tomber son baluchon, ferma les yeux et s’assoupit un moment. Il se disait que le muletier a sûrement déjà quelqu’un pour s’occuper de ses moutons et qu’il ne pouvait pas l’attendre pendant trois ans. Un croissement de corbeau le réveilla subitement de son songe et machinalement, reprit son barda tourna le dos à Essaouira et s’engouffra à nouveau dans le firmament des valons du Haouz, il marmonnait qu’il n’avait plus le choix et pensait, en homme qu’il se sentait devenir, qu’il se devait d’affronter son futur et qu’il devait l’obliger à avoir lieu comme il se le dessinait. Désormais, il se sentait vraiment seul et n’avait d’autres artifices de conjurer le sort que de le défier. Il était maintenant disposé à travailler dans le premier douar qu’il trouvera sur son chemin.

lundi 17 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -13- De nouveau sur les routes

Il avait maintenant 14 ans et se prenait déjà pour un jeune homme, sa carrure et sa stature brouillaient le jugement, il était bien sur ses jambes, ses yeux dénotaient une certaine hardiesse, qu’il se contestait de temps à autre à lui même en repensant à sa peur du scorpion encore toute fraiche.
Son ressouvenir de cet instant d’épouvante, lui rappelait toujours un tournant dans sa vie, tournant emprunté plus pour échapper à un lieu où pendant un court moment, il fut pris au dépourvu par le destin et où le sort l’avait si éventé que le fichu de sobriété et de courage qu’il portait tomba incontinent, mettant à découvert son visage d’enfant précoce.

Non sans avoir longuement remercié ses hôtes pour leurs magnificences, il quitta le douar alors que le soleil commençait juste à poindre à l’horizon. Il savait qu’il avait un long chemin à parcourir et s’angoissait déjà à l’idée de ne pas trouver de meilleures situations à celle où il était. Il avait pour seul bagage une besace qui contenait ses premières richesses, quelques habits qu’il avait troqués contre ses nombreuses journées de labeur, enfin, se disait-il, quelque chose qui m’appartient bien. Il venait de découvrir le délice de la possession et la joie de la propriété, honnêtement acquis.
Il s’en alla par le chemin qui l’avait conduit à ce douar d’un petit pas en se retournant de temps à autre comme pour se prouver à lui-même qu’il pouvait résister à la tentation de rebrousser chemin. Mais réellement, il se le reconnaitra à lui-même plus tard que plus il marchait et plus un pincement au cœur et un doute dans l’esprit le prenaient. La peur d’un lendemain sans visibilité le rattrapait et lui rappelait son état d’âme au jour de son arrivée trois ans auparavant.
Mais l’orgueil naissant, chez ce grand enfant, Mehdi savait déjà qu’il ne pouvait faire demi-tour sans que cela ne le discréditât aux yeux de tout le douar.Il se retourna résolument et pressa le pas pour s’éloigner rapidement et faire estomper l’enclin d’abdiquer qui le titillait encore.

samedi 15 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -12- Le scorpion et le châtiment

Un soir, juste après le souper, alors qu’il s’apprêtait à dormir, son maître lui réclama à boire. Une bougie à la main, il alla vers la jarre d’eau pour remplir la carafe quand soudain il aperçut un scorpion noir aussi grand qu’un pouce qui escaladait la jarre. Pris de panique il laissa échapper la carafe en terre cuite de ses mains et revint en courant vers son maître, les yeux écarquillés d’épouvante.
Quand il eut raconté en bégayant sa mésaventure, l’homme se leva, comme pour aller voir, mais une fois à sa hauteur, il lui asséna un coup terrible sur la tête, le traitant de poltron et lui sommant de retourner vers la jarre. Mehdi sentait ses membres rivés de peur et de déception. La peur de revenir vers la jarre où la bête rodait encore et la déception parce que l’homme qui le croyait gentil et généreux, s’était soudain retourné contre lui. Il se sentait alors persécuté et son discernement des choses de la vie se mélangeaient dans son esprit. Il détala et alla voir la femme, les yeux rouges, au bord des larmes et lui demanda de l’aider à se débarrasser de la bête près de la jarre pour qu’il puisse ramener de l’eau à boire à son mari.
La femme munie d’un bâton, l’accompagna, écrasa la bête et lui remis l’eau de la jarre dans une autre carafe qu’il porta à son maître.
Cette nuit là, il ne ferma point les yeux, en raison d’abord de la peur bleue qu’il eut d’autres bêtes de ce genre et ensuite du comportement inhumain et sévère de son maître à son égard.
Alors que l’Emir Abdelkrim se révoltait au rif (en 1921) et décimait quelques quinze mille soldats espagnols, Mehdi devenu allergique à la violence qu’il subissait de la part de personnes que les liens de sang ou des circonstances ont mis sur son chemin, se révoltait à son tour et se jurait de repartir aux premières lueurs de l’aube. Il décida alors, après trois ans de calme et de plénitude, de quitter cet endroit où à son arrivée il espérait ardemment finir ses jours, tellement il s’y plaisait

mercredi 12 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -11- Le garçon à tout faire (2)

La disponibilité de l’eau était de tout temps importante dans les foyers et surtout dans le rural. Il fallait donc puiser de l’eau souvent l’après midi pour en disposer très tôt la journée suivante pour les tâches ménagères qui commençaient habituellement à l’aube. Alors que le soleil penchait déjà dans le ciel, Mehdi s’empressait à remplir ses outres en eau pour rebrousser chemin au plus vite. Les porteurs d’eau se donnaient généralement un coup de main pour mettre et caler leurs ânées sur leurs ongulés.
Les eaux de source en ces temps là étaient saines et désaltérantes, parce qu’elles étaient naturellement protégées, situées souvent aux pieds des montagnes dans des contrées éloignées, encore vierges et inhabitées donc à l’abri des pollutions engendrées par l’homme.
Le seul risque de pollution qui existait alors provenait plutôt du contenant de stockage sous forme de jarres en terre cuite, sans couvercle ni protection.
Mehdi à son retour remplissait les jarres d’eau, ramenait l’âne à l’enclot, le dessellait, lui donnait du foin et rentrait enfin à la maison pour boire un bon verre de thé bien mérité.
Bien souvent il dormait tout de suite après, car les journées commençaient très tôt et il devait souvent, arroser devant la masure, avant d’entreprendre de balayer.
Les journées se suivaient et se ressemblaient pour Mehdi, mais n’y trouvait aucun dégoût, tant il était bien traité, mangeait à sa faim, dormait paisiblement. En retour, il se démenait comme un diable pour rendre service à ces bonnes gens qui l’ont accueilli et soigné.
Pendant ce temps là, il apprit mille choses, il suivait les attelages qui tiraient le cep pour les labours, épierrait quand c’était nécessaire, ensemençait comme un vrai laboureur. Au temps de la moisson, il apprit vite à manier la faucille comme personne et malgré son jeune âge, il battait le blé, l’égrener à la fourche, il s’intéressait à tout jusque dans les moindres détails et apprenait très vite.
Deux années passèrent et Mehdi n’avait jamais quitté le douar, chaque fois qu’on lui proposait d’aller à Mogador ou même Tlat El Hanchane, il refusait sec, ses blessures et son passé étaient toujours là et cela l’empêchait de vouloir quitter ce lieu de peur d’être découvert et de perdre ainsi la quiétude à laquelle il venait enfin de goûter.

mardi 11 septembre 2007

Additif de la région de Tlat Hanchane


La petite région encadrée est la patte d'Oie de Tlat Hanchane dont j'ai parlé après la fugue de Mehdi depuis Essaouira, où il passera près de 6 ans de sa vie.

lundi 10 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" - 10- Le garçon à tout faire (1)

La bonne femme qui l’accueilli chez elle en était très ravie car hormis l’aide physique pour les tâches fastidieuses qu’il pouvait assurer, elle trouva en lui l’enfant qu’elle n’arrivait pas à avoir et tant attendu, un don de Dieu venu pour récompenser sa longue patience.
Une nouvelle vie commençait pour Mehdi et les premières nuits étaient ponctuées de cauchemars où il se retrouvait nez à nez avec son père qui lui en voulait à mort et où il se débattait et gémissait pour se soustraire à son supplice chimérique.
Heureusement, le temps, la gentillesse et les soins de sa nouvelle maman lui permirent de retrouver sa sérénité. Les mois s’écoulaient et Mehdi par sa serviabilité et sa disponibilité auprès des voisins se fit rapidement apprécier et adopter. Il ne rechignait pas au travail, et faisait tout ce qu’on lui demandât sans retour.
Le seul souhait qui l’habitait était d’oublier très vite son tumultueux passé et retrouver une vie paisible.
Les tâches domestiques auxquelles il participait, l’occupaient presque tout le temps, la corvée d’eau lui prenait carrément la moitié de la journée. Chaque jours, il partait chaque après midi en tirant un âne chargé de quatre seaux en caoutchouc d’une contenance d’environ vingt cinq litres chacun, suivait un chemin sinueux qui longeait les murets en pisé jouxtant les masures des habitants du douar. Ces derniers étaient pour la plupart des agriculteurs et n’avaient pour toute richesse qu’un lopin de terre à cultiver.
Le chemin descendait vers un lit d’oued asséché, remontait ensuite sur plusieurs hauteurs. D’un pas cadencé, ponctué de petites foulées pour revenir à la hauteur de sa monture, Mehdi s’amusait sur tout le parcours, il avait retrouvé l’entrain des enfants de son âge. Il s’agrippait souvent à un arganier qui bordait sur son chemin et il contemplait au loin le village qui se dessinait dans la vallée lointaine. Sa monture continuait toute seule sur la piste qui menait vers la source, habituée qu’elle était, à prendre le même sentier chaque jour que Dieu fait. Mehdi descendait alors de son perchoir prenait ses jambes à son cou pour la rattraper, il savait qu’il était attendu au village pour l’approvisionnement en eau avant la tombée de la nuit.

jeudi 6 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -9- Première Embauche

Mehdi eut l’idée de leur proposer de faire un bout de chemin avec eux. Il sortit de sa cachette, non sans les avoir quelque peu surpris. C’était des caravaniers sur le chemin du retour vers leurs douars, dans le triangle Tlet Hanchane, Korimat et Sidi Mokhtar.
Mehdi n’eut pas beaucoup de difficultés à les convaincre, il avait ressorti encore une fois qu’il était seul au monde et que ses parents étaient tous morts.
Les caravaniers le prirent en croupe à tour de rôle et se mirent à nouveau à discuter entre eux comme si de rien n’était. En ces temps là, les adultes ne prêtaient guère l’oreille aux enfants.
Mehdi, malgré son jeune âge, était d’une intelligence aiguisée et chemin faisant, il écoutait attentivement la palabre de ses convoyeurs de fortune, palabre assez bruyante en raison du vent qui soufflait en ce temps là. Il essayait, déjà de se faire une idée sur chacun d’eux, et se demandait lequel des trois pourrait être son hôte potentiel, celui qui pourrait l’héberger, voire l’adopter.
En recollant plus ou moins adroitement les bribes de discussion, il avait appris que le premier était marié, avait des enfants encore très jeunes et avait le besoin urgent de disposer d’un berger pour mener son troupeau dans les pâturages montagneux. Le deuxième, marié également mais sans enfants, souhaiterait plutôt avoir un garçon de ferme, pour donner un coup de main dans les tâches ménagères et domestiques. Le troisième, quant à lui, étant le plus jeune, vivait encore avec sa sœur et ne semblait pas avoir de besoin particulier.
Parvenus à Tlet El Hanchane, les routes des trois muletiers se séparaient, et le moment fatidique pour Mehdi était arrivé. Il devait prendre rapidement une décision, s’il voulait être embauché par l’une de ses personnes. Plusieurs scénarii se succédèrent dans sa petite tête et préféra en fin de compte offrir ses services pour la personne qui n’avait pas d’enfant et qui avait besoin de quelqu’un pour aider dans les menus travaux de la maison. Il s’argumentait pour son choix que ses nouvelles attributions lui seraient totalement familières puisqu’il ne faisait que cela quand il était avec son père.
Il n’hésita alors point et proposa ses services à Si Abdeslam, qui trouva là une opportunité à prendre, car l’enfant paraissait sincère et décidé.C’est ainsi que Mehdi, se retrouvait commis dans une maison du fond d’un douar quelques parts entre Essaouira et Chichaoua.

mardi 4 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -8- La fuite en avant

L’enfant se confia alors à la juive, qui abasourdie par le destin de cet être qui n’avait pour seul reproche que d’être venu au monde au mauvais moment ou au mauvais endroit, lui remit un peu d’argent pour payer le prix du billet de train pour Marrakech.
Mehdi la remercia longuement et pris la direction de la gare. Mais chemin faisant, il cogitait déjà une fois à Marrakech à son devenir et alors qu’il marchait d’un pas décidé, il s’arrêta net, on dirait un jouet auquel la pile rendit l’âme. Il se gratta un peu la tête, leva ses yeux vers le ciel, tournoya et changea de direction. Il venait de se dire que s’il rejoignit son oncle, il risquait d’être immédiatement intercepté par son père et ramené à son point de départ.
Il abandonna ainsi l’idée de prendre le train et conclue de quitter la ville à pieds à la recherche d’un gîte aux abords d’Essaouira.
Il marchait déjà sur la route depuis fort longtemps, la journée était lumineuse malgré un temps brumeux, il faisait un calme et un silence trompeurs, ponctués de temps à autre par le bruit que faisait un vent intermittent et glacial sur les talus et les arbres quasi dégarnis.
Maintenant, la vue se dégageait à lui et bien que la peur du vide le tenaillait, il avançait ardemment, car pour lui, la seule frayeur qu’il ne pouvait supporter est celle de se retrouver encore une fois avec son bourreau de père.
Alors qu’il tapotait des pieds dans les cailloux, il fut surpris d’entendre un bruit, peu commun, qui ne prenait pas essence de la nature, et qui rompait le calme auquel ses sens commençaient à s’habituer. Il s’arrêta un moment comme pour identifier son origine et s’aperçut que le son qu’il percevait s’accentuait de minute en minute. Il se précipita derrière un talus s’y atterra et de temps à autre jeta un coup d’oeil furtif dans la direction d’où naissait le bruit.Soudain, au tournant qu’il venait juste de dépasser, il voyait apparaître trois muletiers, bien enveloppés dans leurs burnous de laine blanche. Ses craintes alors se dissipaient au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient car en les scrutant, de la tête au pieds, il ne vit point de chapeau melon rouge caractéristique du couvre chef de son père.