jeudi 25 août 2016

L’élu et la gestion de la chose publique


Je croyais que le temps de la démagogie, à la veille des élections était révolu et que le pauvre électeur dormira tranquillement, sans influence aucune, jusqu’au jour des urnes.
Mais voilà que je découvre qu’on est loin du compte et qu’en politique, comme à la belotte, tous les coups sont permis. Seulement, avec ces gens-là  monsieur, pour dormir, même d’un seul œil, il faut se lever de bonne heure.  Eh oui ! Pour vitupérer dans ces sphères-là, souvent, il faut s’entourer d’écus et manier toutes les armes, même les plus viles d’entre elles.

Notre jeunesse montante, les marocains de demain, doivent savoir que l’heure est grave et que leur devenir, sans être alarmiste, se trouve dans une position d’équilibre précaire, que nul autre ici-bas ne peut consolider à leur place.

Ainsi, pour ne pas rester dans le vague et redescendre incontinent sur terre, précisément au niveau du boulevard ATLAS AL KEBIR Hay Salam à salé, à titre d’exemple, laissez-moi  vous raconter, une petite histoire, véridique à cent pour cent, qui débute en 2015 et se poursuit à nos jours.
Le boulevard  sus cité, vieux, à peu près,  d’une quarantaine d’années, était embelli depuis sa création par de petits jardins, annexés aux immeubles, comme ils apparaissaient sur les plans du lotisseur, dont je tais le nom, par déontologie.  Ce petit coin de verdure, harnaché et entretenu par les habitants, donnait un charme supplémentaire à ces bâtisses (Voir la photo 1 ci-contre-Avant le désastre).

 Il y  faisait bon d’y vivre, car les arbres protégeaient les habitants de la poussière, donnait de l‘ombre à leurs progénitures  et formait un bouclier naturel aux nuisances sonores et aux gaz d’échappement des véhicules qui arpentent à longueur de journée l’avenue. Cet atout était un mobile supplémentaire d’achat des appartements dans ses immeubles sensés apportés plus de  quiétude et de calme aux habitants.

 Mais voilà, subitement, quelques élus dont les desseins, peu connus, au demeurant fallacieux, peut-être par ignorance, s’en sont pris à cette avenue, large de plus de trente mètres et ont donné leur aval pour raser complétement tous les jardins, en abattant des arbres vieux de plus de trente ans, sans aucune vergogne (Voir la photo 2 ci-contre).

On aurait compris, si cette avenue avait un faciès commercial, et que les piétons longeraient de belles vitrines. Mais dans le cas présent, sur tous les blocs des habitations, à une seule exception près, pas un commerce ne se pointe à l’horizon.   
On aurait admis également, si, comme il était prévu sur l’itinéraire initial du Tramway, le prolongement de la ligne à partir de Bettana, via le boulevard Atlas El Kabir, pour remonter ensuite vers l’aéroport, fut exécuté pour le bien des habitants pour la plus part, travaillant à Rabat.
Mais rien de tout cela, on enlève de la bitume, on élargie de 80 cm de chaque côté, on déboise impunément aux yeux de tout le monde. On enlève les lampadaires, pourtant, toujours fonctionnels, on en remet d’autres, on creuse des tranchés pour l’enfouissement de câbles ou de conduites, qu’on déterre tout de go dans une anarchie totale, on oublie l’emplacement des poubelles, pour faire reluire davantage le décors, on en confectionne, à la va vite, sans aucune étude d’impact sur les premiers concernés et on passe à la caisse….

 
L’improvisation étant, malheureusement le maitre mot dans cette affaire. On obtient le résultat suivant (Voir la Photo 1 Après et la photo 3), avec ce qui reste des jardinets, dans un état lamentable, avec un carrelage qui a la tremblote et qui part déjà en morceau dans plusieurs endroits, avec des poubelles parsemées ici et là qui font le bonheur des chiffonniers et le désarroi des habitants. Aucune évaluation à chaud, aucune post-évaluation, aucun contrôle de gestion, aucun indice qui dénote d’une quelconque approche méthodique de suivi de projets.
Un projet, tout compte fait, qui a été mené, uniquement pour consommer un budget, qui profite sûrement à quelques-uns, en tout cas pas aux contribuables, ni à leur environnement.
Le commun des observateurs, qui arpente ce boulevard trouvera le plus insolite et le plus hérétique  à la fin de son parcours, dès qu’il atteindra les bidons villes, à quelques encablures de là, même limitrophes par endroits et qu’il saura que plusieurs mandats se sont écoulés sans que les habitants de ces masures, ne soient relogés décemment.
Mais il comprendra, en cogitant un tantinet, que c’est là une aubaine pour ceux qui se font élire, une carte maitresse  que les habitués du scrutin, tiennent bien au chaud dans leurs manches. Je dirais même que cette population marginalisée,  peu ou prou alphabétisée, est un atout majeur qui permet à l’élu actuel ou celui à venir de déboiser, impunément, toutes les avenues de la cité.

Enfin, pour ceux que cela intéresse, nos élus, comme la loi n°12-90 le stipule*, sont partie prenante de tout changement qui affecte l’environnement de leurs électeurs, notamment le plan d’aménagement de leur quartier. Ils sont également tenus par un contrat moral, d’informer, voire de soumettre toute proposition de changement  à leurs représentés quand le niveau d’importance d’un projet l’exige. Telle est la loi, dans un pays de démocratie comme le nôtre et personne n’a le droit de l’outrepasser. N’est-ce pas ?
Maintenant, quand nos élus n’ont ni le courage, ni l’entendement d’honorer leurs engagements envers leurs électeurs, quand les avantages en nature ou les pièces sonnantes et trébuchantes qu’ils convoitent leur font occulter les règles de bienséance et de vertus, les plus élémentaires, nous ne pouvons alors que prier Dieu de venir en aide à nos jeunes et futures décideurs pour renverser la vapeur, en s’impliquant davantage dans les élections. C’est dans le vide laissé par les jeunes, en raison d’un jeu électoral toujours biaisé, que résurgent bassesse, traitrise, corruption  et bien d’autres maux de société, plus vilains les uns que les autres…..

Rappelez-vous que l’élu est celui que les citoyens choisissent et non celui qui se fait élire à la manière que vous savez……

Signé : S.ABDELMOUMENE


*Conformément aux dispositions de l’article 27 du décret n°2-92-832 du 14 Octobre 1993 pris pour l’application de la loi n°12-90 relative à l’urbanismeles conseils communaux sont tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour la réalisation et le respect du plan d’aménagement en concertation avec les services extérieurs de l’urbanisme relevant de ce département, ou l’Agence Urbaine selon le cas….