Voilà encore une femme que la
férule du destin nous a ravi, alors que nous nous délections de ses propos
pleins de bon sens et remplis d’empathie. Cette grande dame, de par sa longue
expérience de la rudesse de la vie alors
qu’elle fut veuve, dans la fleur de
l’âge avec sur les bras une nichée d’enfants, a pu s’acclimater à son statut imposé par les
volontés divines. Elle apprit ainsi à ses dépens et par ses seuls moyens à
maintenir sa petite famille à un niveau tout à fait respectable, à stabiliser
l’équilibre de son foyer et lui éviter
la précarité. Etant restée seule à la barre, en bon timonier improvisé,
elle sut souquer ferme et mener sa barque à bon port. Ses enfants retrouvèrent
en elle, un être à deux rôles, celui de facto, de mère, confidente et
prévenante et celui de père protecteur
et responsable.
Elle avait toujours à la
bouche le mot juste et le terme de bienveillance. Sans
fioritures, ni boniments, elle vous ouvrait les bras et vous accueillait dans un
élan de bonté chaque fois que vous la sollicitiez. Une femme de cette trempe,
est devenue monnaie rare de nos jours. Elle avait le don de choisir les
gallicismes idoines pour parler, aux jeunes et aux moins jeunes, elle était
faite pour tous les âges.
On dit souvent que c’est chez soi
qu’on est le mieux. Pour ma part, c’est plutôt chez elle que je me sens le plus
à l’aise. C’est chez elle, quand elle était encore à El Hoceima, que ce déclic
eut lieu et depuis, ma femme et moi allions la voir à chaque fois que
l’occasion se présentait ou chaque fois que nous voulions nous ressourcer et
reprendre le dessus sur la vie.
Lhaja Mouna, sans trop souffrir, a
quitté ce monde pour rejoindre celui de
l’éternel où sa place est sûrement au paradis parmi les apôtres de ce monde.
Elle avait réussi le pari d’étayer ses enfants jusqu’à leur propre envol, avant
de s’installer à Rabat avec l’ainée de ses filles, la non moins généreuse
Fatimita.
Autant nous sommes affligés par
ce départ, sans signe avant-coureur, de cette dame, autant nous sommes
satisfaits de voir que la défunte, par ses actions ici-bas s’est immortalisée et
restera aux yeux de tous ceux qu’ils l’ont côtoyée, une femme qui a beaucoup donné, une femme
avant-gardiste, qui pèse ses mots et crucifie le verbe.
Merci Mouna, pour tout le bien
que tu as répandu sur cette terre, tes enfants et tous ceux, dans mon cas, que
tu as marqués par ton aura, sont fiers
de toi, prient pour toi et demande au bon Dieu le miséricordieux de te recevoir dans ces célestes prairies du
Paradis.
Amine Ya Rab Al Alamine
Salah
et Fatima - Rabat