samedi 5 janvier 2008

Mehdi "Lbantouri" (30) - La rencontre salvatrice

Le reste du chemin se déroula sans encombre et Mehdi las et éreinté arriva enfin à Sidi Mokhtar. La nuit était déjà bien avancée quand il s’arrêta devant un fondouk que Mohamed lui avait indiqué comme étant le seul endroit qui reste ouvert toute la nuit et permettait d’héberger aussi bien les montures que leurs maitres. L’animal est dessellé, parqué au rez-de-chaussée et son maitre prié de prendre des escaliers qui menaient au premier étage où deux grandes salles, l’une en face de l’autre, servaient de dortoirs. L’un pour les femmes et les enfants et l’autre pour les hommes. Mehdi déposa son léger barda dans un coin éclairé par une lampe à carbure sur une natte, recouverte d’une couverture en laine (hanbal). Plusieurs personnes roupillaient déjà à poings fermés. Mehdi allongé, les yeux à moitié clos de fatigue, les jambes engourdies par ce long trajet, passera sans transition de l’état d’éveil à celui des songes. Toutes ses craintes d’être attaqué durant son trajet et les moments de grande peur qu’il a traversés occupaient ses rêves. Il se débattait dans son sommeil avec des hommes qui portaient tantôt la tunique de gendarmes, tantôt les accoutrements des coupes jarrets de l’époque, mais ce léger cauchemar gardait en fait son sommeil et lui permettait de reprendre des forces. Sa joue enflée commençait déjà à reprendre sa forme initiale, seule l’ecchymose sur l’arcade sourcilière gauche semblait garder son noir caractéristique.
Le silence de la nuit avait couvert tous ces dormeurs que, ni les ronflements par saccades irrégulières, ni les odeurs de la sueur humaine mélangée à la pestilence de la paille imbibée d’urine des mulets qui émane du rez-de-chaussée, ne semblent affectés outre mesure. Etant pour la plupart des muletiers ou des marcheurs, souvent éprouvés par la rigueur des voyages mais peu exigeants, faute de moyens, en matière de literie, n’avaient d’autres choix que de se suffire de ce qu’ils trouvaient à leur portée.
Le crépuscule ramenait doucement la vie à tout ce beau monde et les uns après les autres dévalaient les escaliers, allaient tirer leurs montures avant de quitter leur gite prêts à poursuivre leur voyage. Mehdi faisait le nombre, quitta à son tour le fondouk avec son mulet pour s’arrêter une centaine de mètre plus loin dans un café maure. Il mit une entrave à sa bête et commanda un thé qu’il se fit servir sur une petite table autour de laquelle il retrouva quelques muletiers qui étaient logés au même endroit que lui. En ces temps là les clients, même s’ils ne se connaissaient pas entre eux, se mettaient autour de la même table (petite table ronde et tripode) et s’asseyaient en position tailleur sur des brins de paille tressés en nattes. Cela optimisait l’espace pour le cafetier et favorisait le dialogue pour les clients. Mehdi fit connaissance de deux muletiers qui se dirigeaient également vers Marrakech et leur proposa de faire le chemin ensemble. La solitude commençait à lui peser et trouvait cette rencontre opportune et salvatrice pour entamer le reste du trajet avec un soupçon de sécurité. Ses compagnons de fortune de grandes carrures, plus âgés et plus forts que lui le débarrassaient de l’inquiétude qui l’habitait depuis son départ….

9 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjour S.Abdelmoumene
que de plaisir a te relire apres un si long silence
tu n'a pas perdu ta poesie et ta prose
bravo encore pour ta grande capacite a la description
a bientot
patrick

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Patrick,

Je ne te cache pas que j'ai écrit le dernier épisode sans grande conviction. Panne d'inspiration momentanée due sûrement à une suractivité ces derniers temps. Quand on est entrain de faire un travail sous pression, on n'arrête pas d'y penser alors on n'arrive plus à faire autre chose.
Merci pour ton indulgence et tes encouragements
à bientôt
Salah

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah,
Belle description du cheminement des marocains au début du siècle passé.
Le texte n'est pas seulement descriptif , il est bel et bien historique également.
On ne retrouve plus de foundouks à l'ancienne.
Bonne continuation.
Amitiés.

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Dr Mouhib,

Dans les années 60 on en avait encore un à Midelt dans la rue El Haddada en face de la maison Bahri. C'est de là que je me suis inspiré pour la description. Je jouais au foot sur un terrain vague juste en face et je voyais arriver des muletiers la veille du Souk du dimanche (El Had). Alors par curiosité, je m'engouffrais avec des amis, furtivement pour voir les lieux. La première chose que j'ai retenue c'est l'odeur typique de la paille imbibées d'urine. Déjà à cet âge là je me posais la question comment faisaient ces gens là pour dormir juste au dessus.

Pas a pas a dit…

ci joint un lien pour aller t'inscrire a un concours sur les blogs
je me suis inscrit , au momment venus je ferai appel a tous les votants possibles
amities
patrick

http://www.festivalderomans.com/festival_de_romans/index.html

S.Abdelmoumène a dit…

bonjour Patrick

Merci pour ton invitation à participer à ce concours. Je me suis tout de suite inscrit et j'attend toujours la confirmation par messagerie. Mais c'est juste pour participer, sans grande conviction.

P.S : J'ai répondu à ton mail voir ta boite de messagerie.

Pas a pas a dit…

Bonjour S.Abdelmoumene
Je viens de voir mes mails et je t'ai répondu, j’espère que cela marchera
Et bravo pour ton inscription au concours, je suppose catégorie romans, il va falloir cravacher pour nous nourri des aventures de Mehdi
Amitiés
Patrick

Pas a pas a dit…

bonjour
j'ai vu ton inscription pour le concours c'est bien
du boulo?
tu es absent de ton blog et du miens
courage alors
patrick

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour patrcik,

J'ai répondu à ton mail avec un décalage d'une journée. C'est bon pour le jour "J" à Salé.

Quant à mon absence dans les blogs des amis, c'est bien indépendant de ma volonté. Je compte aujourd'hui y faire un tour d'horizon du fait que je commence à souffler un peu côté boulot.
à bientôt
Salah