Je croyais que le temps de la démagogie, à
la veille des élections était révolu et que le pauvre électeur dormira
tranquillement, sans influence aucune, jusqu’au jour des urnes.
Mais voilà que je découvre qu’on est loin
du compte et qu’en politique, comme à la belotte, tous les coups sont permis.
Seulement, avec ces gens-là monsieur, pour dormir, même d’un seul
œil, il faut se lever de bonne heure. Eh oui ! Pour vitupérer
dans ces sphères-là, souvent, il faut s’entourer d’écus et manier toutes les
armes, même les plus viles d’entre elles.
Notre jeunesse montante, les marocains de
demain, doivent savoir que l’heure est grave et que leur devenir, sans être
alarmiste, se trouve dans une position d’équilibre précaire, que nul autre ici-bas
ne peut consolider à leur place.
Ainsi, pour ne pas rester dans le vague et
redescendre incontinent sur terre, précisément au niveau du boulevard ATLAS
AL KEBIR Hay Salam à salé, à titre d’exemple, laissez-moi vous
raconter, une petite histoire, véridique à cent pour cent, qui débute en 2015
et se poursuit à nos jours.
Le boulevard sus
cité, vieux, à peu près, d’une quarantaine d’années, était embelli
depuis sa création par de petits jardins, annexés aux immeubles, comme ils
apparaissaient sur les plans du lotisseur, dont je tais le nom, par
déontologie. Ce petit coin de verdure, harnaché et entretenu par les
habitants, donnait un charme supplémentaire à ces bâtisses (Voir la photo 1 ci-contre-Avant le désastre).
Il y faisait bon d’y vivre, car les
arbres protégeaient les habitants de la poussière, donnait de l‘ombre à leurs
progénitures et formait un bouclier naturel aux nuisances sonores et
aux gaz d’échappement des véhicules qui arpentent à longueur de journée l’avenue.
Cet atout était un mobile supplémentaire d’achat des appartements dans ses
immeubles sensés apportés plus de quiétude et de calme aux habitants.
Mais voilà, subitement, quelques élus dont les desseins, peu connus, au demeurant fallacieux, peut-être par ignorance, s’en sont pris à cette avenue, large de plus de trente mètres et ont donné leur aval pour raser complétement tous les jardins, en abattant des arbres vieux de plus de trente ans, sans aucune vergogne (Voir la photo 2 ci-contre).
On aurait compris, si cette avenue avait
un faciès commercial, et que les piétons longeraient de belles vitrines. Mais
dans le cas présent, sur tous les blocs des habitations, à une seule exception
près, pas un commerce ne se pointe à l’horizon.
On aurait admis également, si, comme il était
prévu sur l’itinéraire initial du Tramway, le prolongement de la ligne à partir
de Bettana, via le boulevard Atlas El Kabir, pour remonter ensuite vers l’aéroport,
fut exécuté pour le bien des habitants pour la plus part, travaillant à Rabat.
Mais rien de tout cela,
on enlève de la bitume, on élargie de 80 cm de chaque côté, on déboise impunément
aux yeux de tout le monde. On enlève les lampadaires, pourtant, toujours
fonctionnels, on en remet d’autres, on creuse des tranchés pour l’enfouissement
de câbles ou de conduites, qu’on déterre tout de go dans une anarchie totale,
on oublie l’emplacement des poubelles, pour faire reluire davantage le décors, on
en confectionne, à la va vite, sans aucune étude d’impact sur les premiers
concernés et on passe à la caisse….
L’improvisation étant, malheureusement le maitre mot dans cette affaire. On obtient le résultat suivant (Voir la Photo 1 Après et la photo 3), avec ce qui reste des jardinets, dans un état lamentable, avec un carrelage qui a la tremblote et qui part déjà en morceau dans plusieurs endroits, avec des poubelles parsemées ici et là qui font le bonheur des chiffonniers et le désarroi des habitants. Aucune évaluation à chaud, aucune post-évaluation, aucun contrôle de gestion, aucun indice qui dénote d’une quelconque approche méthodique de suivi de projets.
Un projet, tout compte fait, qui a été
mené, uniquement pour consommer un budget, qui profite sûrement à quelques-uns,
en tout cas pas aux contribuables, ni à leur environnement.
Le commun des observateurs, qui arpente ce
boulevard trouvera le plus insolite et le plus hérétique à la fin de son parcours, dès qu’il atteindra les
bidons villes, à quelques encablures de là, même limitrophes par endroits et qu’il
saura que plusieurs mandats se sont écoulés sans que les habitants de ces masures,
ne soient relogés décemment.
Mais il comprendra, en cogitant un
tantinet, que c’est là une aubaine pour ceux qui se font élire, une carte maitresse que
les habitués du scrutin, tiennent bien au chaud dans leurs manches. Je dirais
même que cette population marginalisée, peu ou prou alphabétisée,
est un atout majeur qui permet à l’élu actuel ou celui à venir de déboiser,
impunément, toutes les avenues de la cité.
Enfin, pour ceux que cela intéresse, nos
élus, comme la loi n°12-90 le stipule*, sont partie prenante de tout changement
qui affecte l’environnement de leurs électeurs, notamment le plan d’aménagement
de leur quartier. Ils sont également tenus par un contrat moral, d’informer,
voire de soumettre toute proposition de changement à leurs
représentés quand le niveau d’importance d’un projet l’exige. Telle est la loi,
dans un pays de démocratie comme le nôtre et personne n’a le droit de
l’outrepasser. N’est-ce pas ?
Maintenant, quand nos élus n’ont ni le
courage, ni l’entendement d’honorer leurs engagements envers leurs électeurs,
quand les avantages en nature ou les pièces sonnantes et trébuchantes qu’ils
convoitent leur font occulter les règles de bienséance et de vertus, les plus
élémentaires, nous ne pouvons alors que prier Dieu de venir en aide à nos
jeunes et futures décideurs pour renverser la vapeur, en s’impliquant davantage
dans les élections. C’est dans le vide laissé par les jeunes, en raison d’un jeu
électoral toujours biaisé, que résurgent bassesse, traitrise,
corruption et bien d’autres maux de société, plus vilains les uns
que les autres…..
Rappelez-vous que l’élu est celui que les
citoyens choisissent et non celui qui se fait élire à la manière que vous savez……
Signé : S.ABDELMOUMENE
*Conformément aux dispositions de l’article 27 du
décret n°2-92-832 du 14 Octobre 1993 pris pour l’application de la loi n°12-90
relative à l’urbanisme, les conseils communaux sont
tenus de prendre toutes les mesures nécessaires pour la réalisation et le
respect du plan d’aménagement en concertation avec les services extérieurs de l’urbanisme
relevant de ce département, ou l’Agence Urbaine selon le cas….
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