mardi 22 mars 2016

L’histoire de Mouna la femme de tous les âges


Voilà encore une femme que la férule du destin nous a ravi, alors que nous nous délections de ses propos pleins de bon sens et remplis d’empathie. Cette grande dame, de par sa longue expérience  de la rudesse de la vie alors qu’elle fut  veuve, dans la fleur de l’âge avec sur les bras une nichée d’enfants, a pu  s’acclimater à son statut imposé par les volontés divines. Elle apprit ainsi à ses dépens et par ses seuls moyens à maintenir sa petite famille à un niveau tout à fait respectable, à stabiliser l’équilibre de son foyer et lui éviter  la précarité. Etant restée seule à la barre, en bon timonier improvisé, elle sut souquer ferme et mener sa barque à bon port. Ses enfants retrouvèrent en elle, un être à deux rôles, celui de facto, de mère, confidente et prévenante et celui  de père protecteur et responsable.
Elle avait toujours à la bouche  le mot  juste et le terme de bienveillance. Sans fioritures, ni boniments, elle vous ouvrait les bras et vous accueillait dans un élan de bonté chaque fois que vous la sollicitiez. Une femme de cette trempe, est devenue monnaie rare de nos jours. Elle avait le don de choisir les gallicismes idoines pour parler, aux jeunes et aux moins jeunes, elle était faite pour tous les âges.
On dit souvent que c’est chez soi qu’on est le mieux. Pour ma part, c’est plutôt chez elle que je me sens le plus à l’aise. C’est chez elle, quand elle était encore à El Hoceima, que ce déclic eut lieu et depuis, ma femme et moi allions la voir à chaque fois que l’occasion se présentait ou chaque fois que nous voulions nous ressourcer et reprendre le dessus sur la vie.
Lhaja Mouna, sans trop souffrir, a quitté ce monde  pour rejoindre celui de l’éternel où sa place est sûrement au paradis parmi les apôtres de ce monde. Elle avait réussi le pari d’étayer ses enfants jusqu’à leur propre envol, avant de s’installer à Rabat avec l’ainée de ses filles, la non moins généreuse Fatimita.
Autant nous sommes affligés par ce départ, sans signe avant-coureur, de cette dame, autant nous sommes satisfaits de voir que la défunte, par ses actions ici-bas s’est immortalisée et restera aux yeux de tous ceux qu’ils l’ont côtoyée,  une femme qui a beaucoup donné, une femme avant-gardiste, qui pèse ses mots et crucifie le verbe.
Merci Mouna, pour tout le bien que tu as répandu sur cette terre, tes enfants et tous ceux, dans mon cas, que tu as marqués par ton aura,  sont fiers de toi, prient pour toi et demande au bon Dieu le miséricordieux  de te recevoir dans ces célestes prairies du Paradis.

Amine Ya Rab Al Alamine
                                                                                                                             Salah et Fatima - Rabat