vendredi 25 septembre 2020

 En hommage à Feu Lhadi Sidi Moh : L’homme et le joueur….

Le joueur :

Il est des personnes qui nous marquent par leur force, leur savoir ou leur prestance, mais il y en a d’autres qui laissent chez nous des tra
ces indélébiles de leur passage ici-bas, en raison de moult qualités, moins voyantes, mais oh combien plus précieuses et plus humaines.
Feu Lhadi Sidi Moh, calme et serien, comme son nom l’indique, en est le parfait exemple. Ayant été son contemporain dans les différents champs de jeu où nous avions fait chacun de son côté nos premières armes dans les équipes de quartier, avant de se retrouver dans l’équipe première de l’USM de Midelt, je tiens à déclarer, à travers ces modestes graphèmes que c’est l’une des personnes qui avait beaucoup de valeur pour moi, que j’estime énormément. Je suis persuadé également que toutes les personnes qui gravitent autour de lui ou qui l’ont seulement approché lui vouent également une inclination inconditionnelle, au même titre que moi.
C’est effectivement dans l’adversité que l’on découvre la vraie nature de l’homme, c’est dans nos réactions à des stimuli dans des situations inextricables que l’on mesure la sagesse et la grandeur de l’âme d’autrui. Feu Lhadi, pour ma part et celles de ses nombreux coéquipiers, qui ont tâté du cuir avec lui, dans l’équipe de Nahda d’Ikhremjioune ou bien au sein de l’USM, sommes unanimes qu’il s’agit bien d’un homme qui sort du lot, un être d’une autre dimension.
Par son comportement, son appréciation et sa perception de la notion du jeu collectif en général et le foot en particulier, il force l’admiration, souvent même de ses adversaires. Pour sûr, me direz-vous. Quand on a des facultés, hors du commun, avec à la clé une production d’un volume de jeu, phénoménal, de grande qualité et avec beaucoup d’aisance, comment ne pas émerveiller ses pairs.
Doué d’un champ de vision élargi et d’une lecture de jeu avec une anticipation qui laisse ses vis-à-vis souvent pantois et pris au dépourvu, ce joueur appartient, à mon humble avis, à la cour des grands. Au temps où il jouait en stoppeur ou en demi- défensif avec moi à l’USM, je me rappelle de sa grande disponibilité qu’il créait avec ses démarquages intelligents rendant ainsi de grands services aux détenteurs du ballon.
L’homme :
Maintenant, pour basculer vers l’homme, je voudrais passer par un corridor ou une passerelle qui relie le monde du Foot et la vie de tous les jours. Albert Camus a dit : « Ce que je sais de plus sûr, à propos de la morale et des obligations des hommes c’est au Foot-Ball (Sport) que je le dois »
Feu Lhadi était technicien en architecture, option dessinateur. J’ai eu le privilège et la chance de le voir à l’œuvre sur terrain pour une levée topographique et j’ai découvert en lui, la même méticulosité et la même dextérité que je lui trouvais dans les champs de jeu. C’était quelqu’un de très exigeant envers lui-même, mais très compréhensif et empathique pour les autres, auxquels il déliait sa bourse, dans la discrétion complète, pour aider ses congénères dans le besoin. Un homme humble et modeste, qui mesure la portée de ses paroles. Il parle peu et bien du premier coup et à tous les coups, il réunit en fait un ensemble de traits de caractère très prisés alors, mais qui, de nos jours, sont en voie d’extinction. Quand il raccrocha ses crampons en tant que joueur à l’USM, sa renommée l’ayant précédé, il fut contacté par l’équipe de Foot d’Erfoud, pour le poste d’Entraineur. Il excella au poste et fut vite adopté par la ville d’Erfoud, supporters et comité, car il mena leur équipe aux barrages durant sa première saison dans la poule de Tafilalet. Parallèlement, il continuait à exercer son métier de base, qu’il retrouva à son retour de son périple d’Erfoud, quelques années plus tard à Midelt puis à Zeida.
Combien il est douloureux de supporter une perte d’un homme de cette trempe, de cette générosité et de cet aloi. Même si le verbe est maté et bien conjugué, même si les mots à faciès de vertus sont mis en queue leu-leu, plus ou moins adroitement, il est toujours quasi impossible de parvenir à trouver les qualificatifs qui siéront à cette personne. Nous ne pouvons que nous retourner vers le tout puissant en cette journée sacrée de vendredi, dédiée, à titre posthume, en hommage par les anciens joueurs de l’USM à leur star, afin qu’il le garde dans ses célestes prairies du Paradis, qu’il le recouvre de sa sainte miséricorde et qu’il enveloppe ses descendants, les vivants de ses ascendants et ses nombreux amis, avec un voile d’apaisement et de réconfort. Nous sommes à Dieu et à lui nous retournons.