mardi 15 janvier 2008

Mehdi "Lbantouri" (31) - Sur le chemin de Chichaoua

Les deux muletiers, lahcen, vingt ans et Aamr trente ans unis par le destin avec Mehdi, quittèrent Sidi Mokhtar ensemble en direction de Chichaoua, après s’être ravitaillés en eau et en provisions.
Chemin faisant, alors qu’ils synchronisaient le trot de leurs montures et presque sans aucune gêne Lahcen s’adressa à Mehdi.
- Es tu marié ?
- Quoi ? Moi, Marié, non pas encore.
- Et toi rétorqua Mehdi
- Moi, oui, il y a déjà une année.
- Et lui dit Mehdi en désignant Aamr de la main
- Oh ! Oui, lui il a même deux enfants.
- Un garçon de quatre ans et une fillette encore dans les langes spécifia Aamr qui ne perdait rien de la discussion.
Mehdi devient derechef inquisiteur et s’enhardit en disant.
- Vous habitez où ?
- Dans les abords de Ounara répondit Lahcen
- C’est là où vous avez de la famille ?
- Oui ! Rétorqua Aamr en jetant un coup d’œil de travers, comme pour signifier à Mehdi qu’il posait trop de questions.
Ce regard n’échappa guère à Mehdi qui cessa incontinent son interrogatoire improvisé dans la manière mais avec un but précis dans le fond.
Il en savait désormais assez pour se tranquilliser sur les comportements potentiels de ses compagnons de fortune.
Ainsi, une fois mis en confiance, Mehdi leur raconta son histoire depuis sa première fugue de Casa, jusqu’à sa récente mésaventure avec Si Ali qui lui a valu sa difformité de l’instant.
- Eh ! Bien, la vie ne t’a pas fait de cadeaux mon fils, dit Aamr avec un air compatissant.
- Tu comptes faire quoi maintenant ? Enchaine –t-il.
- Je vais m’arrêter à Marrakech pour deux ou trois jours, juste le temps de prendre des nouvelles de quelques parents éloignés et je continue vers Amezmiz pour y chercher du travail.
- Tu auras plus de chance de trouver du travail à Marrakech qu’ailleurs avança Lahcen
- Oui, mais je n’aime pas beaucoup la ville.
En fait Mehdi ne pouvait pas leur avouer sa peur encore vive de se retrouver en face de son père.
Au fil de la conversation, Mehdi découvrit que ses deux compagnons étaient habitués à ce chemin muletier qu’ils empruntaient une fois par an après les récoltes pour aller travailler comme colporteurs à Marrakech jusqu’au temps des labours.

Un long silence suivit cette palabre, ponctué seulement de temps à autre du bruit des sabots des ongulés sur le sol tantôt rocailleux, tantôt poussiéreux et chacun de son côté cogitait à son lendemain en étrillant sa bête, autant de fois qu’il est nécessaire pour rester à hauteur du groupe quand les sentiers le permettaient, sinon au moins en queue-leu-leu.

Mehdi comme ses compères donna libre cours à ses réflexions et revint instinctivement sur la première question de Lahcen concernant le mariage. Personne ne lui avait encore fait cette remarque. Serait-il en âge de se marier ? A part les flirts innocents qu’il avait eus de temps à autre dans le Douar de Si Ali, il n’avait vraiment pas la tête à cela. Dans ses priorités il voulait d’abord s’implanter quelques parts avant de songer à dénicher l’oiseau rare, son hypothétique douce moitié.

4 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjour S.Abdelmoumene
encore et toujours bravo pour ton merveilleux texte
en plus mon pere me parlait de Chichaou , il vivait a Timexaouine pres de Kremisset qui je crois n'est pas loin
(oulmes, tiflet,aussi est un nom qui me reviennent de cette periode)
a bientot
amities
patrick

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Patrick,

Merci de ta visite. J'ai encore à "pondre" quelques épisodes avant d'aborder la période où j'ai beaucoup d'évènements à retracer, donc plus facile pour moi, pourvu que l'inspiration soit au rendez vous.

A bientôt
P.S : toujours pas de confirmation de mon inscription au concours...

Pas a pas a dit…

bonjour
en passant ,je viens de voir ton inscription sur le site
tu vas a l'onglet en haut "participants"
puis
"romans"
et en 3 eme ou 4emem position il y a ton bolg
bon we
patrick

Pas a pas a dit…

Comme c'est la semaine de l'amitié, je t'offre ceci:

Si les bisous étaient de l’eau, je te donnerais la mer

Si les câlins étaient des feuilles, je te donnerais un arbre

Si la vie était une planète je te donnerais une galaxie

Si l'amitié était la vie, je te donnerais la mienne

C'est la semaine de la famille et des "meilleur(es) am(es)".

Envoie ce message à ceux que tu considères comme des ami(es), à moi si j'en fais partie."