vendredi 23 novembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -(27) - Le thé de la paix (2)

A cet instant, arriva Si Ali suivi de son gendre et contremaitre Si Ahmed.
- Alors comment tu as trouvé la « matmora » ? Tu sais maintenant ce qu’on risque quand on a failli à son devoir.
Il ne semblait guère affecté par le visage défiguré de l’enfant ni par ses habits qui partaient en lambeaux, on aurait dit qu’un troupeau de bison l’avait piétiné.
- Maintenant pour faire la paix, comme de coutume ici, tu vas préparer le thé pour moi, nous le boirons ensemble en signe de réconciliation et tout sera oublié, tu reprendras ainsi ton travail demain matin.

Mehdi n’en revenait pas. Ce fut la goutte qui déborda le vase. Tellement sa haine fut en ce moment poussée à l’extrême, par ces propos hors de portée par rapport à son référentiel, il eut mille fois envie de lui cracher au visage et mille fois il se ravisait.


En ces temps reculés, préparer du thé pour son maitre après un litige ou une discorde, signifiait l'obtention du pardon de celui-ci et un pacte de réconciliation entre les deux belligérants. On aurait dit la notion du calumet de la paix chez les indiens. Mais Mehdi n'en savait rien ou ne voulait rien savoir.

- Je ne boirai plus de votre thé, ni mangerait de votre pain. Dieu m’en préserve. Avant la tombée de la nuit je serai très loin de ces lieux. Je m’en remets à Dieu pour panser mes blessures et pour punir les responsables.

Si Ahmed esquissa un mouvement brusque, mais Mehdi avait déjà tourné les talons et sortait précipitamment de la maison.
- Laissez le partir, somma Si Ali à ses sbires.

Une fois dans son réduit, il commença à ramasser ses menus affaires quand l’ouvrier de Lalla Fatna vint le rejoindre. Dés qu’il l’eut vu, Mehdi s’empara du paquet reçu ce matin même, encore emballé et le lui remit derechef.
- Tu peux leur rendre cela, je n’en ai pas besoin.
- C’est pour te dire justement que c’est lalla Fatna qui te l’a donné et non Si Ali et qu’elle ne voudrait pas que cela se sache.

Il prit le paquet le mit dans une couverture en laine qu’il avait achetée au village, plia le tout et le fixa avec un morceau de fil, tata sa poche pour s’assurer que son mouchoir où il gardait ses économies y était bien calé, empoigna son bâton de berger, y accrocha son balluchon et quitta son gite avec empressement.
En passant devant l’enclos, il remarqua que les caprins étaient au complet dans l’enclos. Arrivé dans l’allée terminale, il se retourna et vit au loin les hommes et les femmes avec lesquels il avait partagé ses dernières années de son séjour, debout le regardant partir sans que personne n’osât lever la main. Sans doute étaient-ils tenus à l’œil par Si Ahmed, qu’ils redoutaient si fort que cela les tétanisaient. Une créature qui pendant longtemps habitera les songes de Mehdi.

4 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjour S.Abdelmoumen
quel tetu ce gosse!
il ressemble de plus en plus a mon pere
Des coup de tete pour regir leur vie!
que va t'il lui arriver maintenant?
domage quand meme ,il aurai du accepeter le thé
amities
patrick

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour patrick,

Il a quitté son père pour avoir été battu. Depuis, C'est la seule chose qu'il ne supporte pas, surtout quand il se considère innocent.

Merci de ton passage patrick
Salah

Majid Blal a dit…

Bonjour Salah. Un gros balluchon pleins de cicatrices et de décèption du genre humain et un petit paquet avec des bribes d,espérance et voila Mehdi "Sans famille" sur les routes encore une autre fois...
Salah! les prochaines fois nous allons compter les mots de tes publications! je remarque que tu nous en donnes de moins en moins à chaque fois. Abreuve notre curiosité ya ibna aljibali altlassiah!!
Amitiés
Majid.

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Majid,

Tu as du flaire, il n'y a pas à dire. J'ai beaucoup de boulot ces derniers mois de l'année, alors je sens que je me suis un peu essouflé, la thématique, je l'ai elle est tracée, mais l'inspiration de moins en moins. Comme je tiens à garder le même niveau coûte que coûte, alors tu vois le topo. C'est une équation à plusieurs variables.