dimanche 18 novembre 2007

Mehdi "Lbantouri" (26) - Le thé de la paix (1)

Lalla Fatna lui tint la main et accompagna l’enfant, encore sous le choc, jusqu’à son réduit.
Mehdi s’affala sur son paillasson, tout son corps lui faisait mal, si mal qu’il ne retrouvait pas le sommeil. Couché sur son dos, un œil au beurre noir, il ressassait les évènements marquants qu’il avait vécus dans cette contrée. Il ne se rappelait pas avoir eu une seule réprimande, une seule remarque déplacée durant son séjour jusqu’à ce volte-face que la vie lui a subitement réservé.
A demi éveillé, il sentait ses membres s’enfler démesurément avant de rapetisser à nouveau, sa tête grossir jusqu’à en devenir légère. Son corps se rebellait de son âme se disait-il et s’apprêtait à s’en détacher. Est-ce le début d’une crise de folie ? Il se releva et s’adossa au mur, sa tête était brulante de fièvre. Les sévices qu’il venait de subir ont eu raison de lui. Abandonné dans son réduit, fiévreux jusqu’au délire, seul devant sa destinée, il ne savait à quel sain se vouer, atone, nauséeux, il s’allongeait, se redressait, ne trouvait nulle position qui reposât son corps.
Des idées noires lui traversaient l’esprit, serait-ce ainsi que l’être trépasse ? Serait-ce son tour de passer l’arme à gauche? Il se rappelait seulement avoir tiré la couverture sur lui avant de tourner de l’œil.
Il tomba ainsi dans les pommes, resta quelques temps évanoui, se débattait sans le savoir entre la vie et la mort, puis revint à lui, recommença à bouger avant de sombrer, incontinent, dans un sommeil profond.
Au petit matin au bêlement du troupeau dans l’enclos, il se réveilla en sursaut, tout en sueur, croyant pendant un cours instant qu’il était en retard à son poste, avant de recouvrer totalement ses esprits.
La fièvre était tombée, sa tête sans acouphène et ses membres moins roidis lui donnaient l’impression de revivre. Malgré le gonflement qui lui occupait maintenant la moitié du visage, il était heureux d’être encore de ce monde, instinct de conservation oblige.
A cet instant, l’ouvrier qui accompagnait la veille Lalla Fatna, poussa la porte, vint réveiller Mehdi, pour lui remettre un paquet contenant de nouveaux habits et lui dire d’aller voir Si Ali dans l’immédiat.
Mehdi se leva nonchalamment, mit de côté le paquet et enfila ses anciens habits sous l’œil étonné du messager à qui il emboîta le pas sans mot dire.

Une fois dans la petite cours chez le maitre, le visage à demi enflé, il se rappela le premier jour où il était arrivé et où il découvrait cette bâtisse dont il scrutait à nouveau tous les recoins, pourtant familiers, comme s’ils étaient devenus à nouveau étrangers pour lui. Il bouillonnait de l’intérieur et se disait que malgré ce qu’il venait de subir, il ne pouvait s’en plaindre qu’à Dieu. Il s’imaginait d’abord que Si Ali était un notable du village et aurait de toute manière gain de cause auprès de l’occupant -qui en ce moment se souciait peu des affaires entre indigènes- et ensuite en déposant sa plainte il sera contraint de donner son identité ce qui le ramènerait de facto vers son point de départ, son père.

7 commentaires:

S.Abdelmoumène a dit…

Pour mes amis de tous les jours
Je suis désolé d'avoir actionné un silence radio pendant près de 15 jours.
Une mision hors des baes avec un boulot urgent ont été à l'origine de cette absence.

Pas a pas a dit…

bonjour S.Abdelmoumene
c'est vrai que petit a petit on prends des habitudes
, on attends un nouveau chapitre , on clic tous les jours mais "au sud rien de nouveau"
et puis un matin de lundi on retrouve le petit garçon qui bien que mal en point devra continuer a se batrre
bien venus chez nous
patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah ton absence de la blogsphére m' a inquiété ,j'étais sur le point de preparer la bouée.Par ailleurs le message d'aujourd'hui brosse trés bien le tableau clinique d'une commotion cérebrale necessitant une incapacité temporaire d' au moins quarante jours .Amitiés.

S.Abdelmoumène a dit…

Bojour Patrick,

Impatient également de replonger dans mon blog et les votres pour me ressourcer. Le Petit Mehdi est entrain de faire son bout de chemin dans la vie.

Il quittera cette zone bientôt pour aller vers Amezmiz....

Merci de ton passage et tes clics de tous les jours.

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Si Med

Je commençais à battre de l'aile, pour peu et je te lançais un SOS pour tirer Mehdi de cette affaire. J'ai trouvé des difficultés à le faire sortir de la Matmora, on dirait qu'il s'y plaisait....

Merci de ton support inconditionnel.

Majid Blal a dit…

Bonjour Salah.
Mr mouhib a raison, encore quelques jours sans répliques et on aurait avisé l,Interpol. Maintenant, la blogosphère crée une promiscuité presque maritale. Tu t'eclipses un peu trop puis on commence à douter des raisons de ton escapade. Bref.
Dans cet épisode, se dessinent déja, les éléments d,une autre aventure sous d,autres cieux.
De la façon que tu nous laisses sur notre faim à chaque fois, allumant notre curiosité en la suspendant en plein suspense, tu devrais vendre chaque épisode chez " Au printemps" juste à coté des aventures de Zagor, Blec le rock, Akim, Zembla et captain swing." Mehdi: Résistances et survie". Résistances avec S pour toutes les luttes au quotidien
Majid

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Majid,
Heureux de te lire à nouveau sur ce modeste Blog. "Par mille cornues alambiquées" dirait le professeur OCCULTIS. Tu me ramènes à une période où ma mère m'interdisait de lire ce genre d'illustrés qu'elle appelait "lkoubouy". Pour elle, c'était une perte de temps. Alors à chaque fois qu'elle en attrapait un elle le mettait dans les fourneaux en fonte "dlmina". Maintenant la bande dessinée est au programme dans plusieurs institutions scolaires.