mercredi 22 août 2007

Mehdi "Lbantouri" -2- l'enfant asservi

C’était son destin, le chemin que le Dieu lui avait tracé. Il venait de boucler les cinq ans et son oncle prévoyait de l’inscrire dans l’école coranique du quartier, mais celui qui l’avait abandonné, son père venait de se remarier et tout d’un coup se rappelant qu’il avait un fils et qu’il se devait de le garder avec lui, maintenant qu’il avait une femme pour s’en occuper, il en réclama la garde. Adl de profession, il n’eut aucune difficulté à réaliser son dessein.
Avec cette décision, la roue tourna et les vents qui étaient jusque là favorables à Mehdi se retournèrent contre lui. Depuis il vécut mille supplices de la part de son père qui en fit un servant polyvalent et docile, bon à tout faire, et chaque fois qu’il rechignait, il se faisait tabasser durement.
Son père, comme cela ne lui suffisait pas avait jugé bon d’installer Mehdi chez un tailleur de Caftans comme commis et recommanda à ses employeurs de mater la bête chaque matin en lui distribuant quelques beignets bien chauds même s’il fut sage.
Un enfant, tout juste sorti d’un rêve doux et fabuleux, se retrouve tout de go dans les gouffres de l’horreur et de la servitude humaine, l’ignorance étant de mise chez ses bourreaux de circonstance. Etre réduit à l’âge de cinq ans à faire de menus travaux dignes des temps de l’esclavage, être privé de ses droits les plus élémentaires, celui de jouer, celui d’étudier, celui d’être compris et protégé ; tout cela était difficile à appréhender par Mehdi. Il subissait tout sans savoir que ses droits sont bafoués, mais le contexte et la situation du pays l’empêchaient d’y voir clair. Tous ses proches, vivaient dans la peur, l’incertain et ces sentiments se transmettaient à lui implicitement. En effet le temps était à la guerre car prés de 35000 marocains ont été engagés de force par l’armée française en 1914 pour renforcer les troupes françaises, beaucoup mourront d’ailleurs, à Verdun en 1916. Les étapes de l’enfance, si on peut parler ainsi, avaient fui ces contrés depuis belle lurette et les enfants comme Mehdi étaient très précoces, n’avaient ni le droit ni les moyens de jouer et la plupart passait à l’âge adulte sans s’en rendre compte

4 commentaires:

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah,
Je tiens à te féliciter pour la création de ton blog et pour le choix du titre qui nous rappelle, mon épouse et moi, les souvenirs du café restaurant "Amalou".
C'est une idée intéressante que de joindre la biographie de ton honorable père à l'histoire d'une période de notre pays.
Je ne déballerai pas ce que je sais de Feu Mehdi Lbantouri, je le ferai au fur et à mesure de tes messages, question de stratégie pour garder le suspens. Je trouve tes premiers messages passionnants.
Je te souhaite bonne continuation.
Par ailleurs, ta rencontre avec Patrick à travers echomidelt me réjouit énormément.
Amitiés.

Majid Blal a dit…

Salut Salah
Félicitation pour ce blog qui sera, j,en suis certian, une autre brique dans l'édification de la connaissancce mideltis par des mideltis. Je me souviens bien de ton defunt père qui avec sa voix basse maniait un bon sens de l'humour.
Bonne continuation

S.Abdelmoumène a dit…

Merci Majid pour tes mots doucereux, j’ai lu tes interventions un peu partout et cela ne me surprend pas outre mesure, sachant fort bien tu détenais depuis longtemps le secret du verbe et le maniement de la syntactique.
Je compte sur toi, donc pour apporter du tien, chaque fois que tu le juge nécessaire à la nouvelle bibliographique que je fais de Mehdi le Peintre ou Aami Mehdi comme tu l’appelais dans le temps.
Tes apports quand j’atteindrais les épisodes qui nous sont contemporaines seront les bienvenues.

P.S : Abdou est en France actuellement.

Pas a pas a dit…

Bonjour Salah
je continue sans problème à aimer ce petit garçon, quelque chose me dit que nous allons parfois croiser nos chemin de vie
Je viens de terminer un livre sur le courage et l'héroïsme des marocains pendant la guerre de 14, ainsi que tous les « indigènes » comme le dis un film en France
J’espère qu'au minimum la France en est reconnaissante. Je n'en suis pas sur, ce pays n'en est pas à un paradoxe près
Amicalement
Patrick