dimanche 26 août 2007

Mehdi "Lbantouri" -6- le déclic et le départ

Une nuit My Brahim demanda au gamin de rester éveillé sous la lueur de la bougie jusqu’à son retour. Mais le père comme à l’accoutumé tarda beaucoup au point que la bougie s’éteignit et la chambre envahie par le noir sombre, apeurait l’enfant qui ne trouva d’autre refuge que dans le sommeil, il ferma les yeux et s ‘endormit incontinent.
Quand son père arriva, il frappa à la porte, mais le petit était depuis longtemps dans un sommeil profond et ne l’entendit point. Il insista un moment, puis força la fenêtre et pénétra dans la chambre. L’enfant était endormi dans un coin sombre de la chambre, la bougie était totalement consumée. Le père ne se posa pas de question, n’hésita point, se rua sur le corps allongé de l’enfant, qu’il roua de coups de bâton.
Le petit Mehdi ne savait s’il rêvait ou s’il était éveillé, ce n’est que quand son dos traumatisé, lui fit mal et la silhouette de son père se dessinait devant lui qu’il sut ce qu’il lui arrivait. Sa petite tête quoique aguerrie par la férule du destin, appréhendait difficilement le supplice que son père lui infligeait.
Il sauta de son lit, enfila sa djellaba et sorti sur les toits en courant pour se soustraire aux injures et vociférations de son père. Il passa le reste de la nuit adossé à la cheminée des voisins encore tiédie par la chaleur emmagasinée de la veille.
Au petit matin, le corps plein d’ecchymoses, l’enfant après avoir longtemps pleuré son sort, se remit à sa corvée quotidienne.
Une semaine plus tard, c’était l’Aid « Al Maoulid » et Mehdi éreinté par les travaux de tous les jours se réveilla ce matin là plus tard que d’habitude, descendit les escaliers pour saluer son père et lui souhaiter une bonne fête.
Mais sur le premier palier, il rencontra son père avec un voisin et quand il voulu lui baiser la main, celui-ci la retira violement et lui asséna une taloche sur la joue si forte qu’elle le fit tomber à la renverse, avec pour seule raison de ne pas s’être levé plus tôt en cette journée de fête. Le bourreau repoussa l’enfant, encore à terre, du pied, avec mépris pour dégager le passage et s’en alla furibond sans se retourner voir son forfait.
L’enfant ébahi, laissé à même le sol, parcourait des yeux son agresseur au fur et à mesure qu’il descendait les escaliers. Il scrutait ce personnage qui l’avait mis au monde et qui le traitait comme un vulgaire esclave, depuis ses babouches ocres à sa djellaba en laine blanche à son couvre chef rouge, il ne voyait plus en lui qu’un être maléfique qui voulait sa perte, sa haine fut à son paroxysme. Ce fut en cet instant précis que le petit Mehdi, précoce et écoeuré, déduisait que dans ce bas monde, l’enfant est ce que son père veut. Il venait de jeter un regard de dédain et de répugnance qui le poussèrent à partir très loin de son père dusse-t-il voyager de nuit et de jour vers un lieu reculé dans l’arrière pays.
Il se releva, remonta nonchalamment les escaliers, alla dans la chambre, mis sa djellaba de laine qu’il tenait de son oncle et s’éclipsa en dehors sans éveiller les soupçons.Alors que les enfants de son âge festoyaient, le petit Mehdi, se dirigea vers la sortie de la ville. Il avait en poche un Real et n’avait pour seul objectif que de fuir son père, cet être immonde qui le maltraitait comme un esclave.

10 commentaires:

dahou a dit…

Ne dit-on pas que l'orphelin est celui qui a perdu sa mére!

S.Abdelmoumène a dit…

Eh oui, il a perdu sa mère à 3 ans et a fui son père à 11 ans.

Pas a pas a dit…

s; abdelmoumene
"le pain nu" c'esr sûr
amities
patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour salah,ton style simple et tranché est captivant,tu jettes la lumiere sur un sujet qu'on aborde rarement chez nous celui des sevices de l'enfant commis par son propre père.Bravo.Amities

Abderrazaq a dit…

Je découvre!!!, les supplices d'une enfance atypique et fière d'être le descendant de cet homme qui a su transmettre beaucoup de bonnes choses , ah si on pouvait le ressusciter quelques minutes ?

Bravo l'oncle à la plume bien aiguisée

S.Abdelmoumène a dit…

Merci Si Med

Tes encouragements me vont droit au coeur.
Je t'ai envoyé il y a quelques jours un message à ton adresse gmail.com avec en pièce jointe le programme promis.

Il suffit de le décompresser sur un poste où access 2003 est installé. Un hot line peut être assuré au moment de l'installation.
Bon courage et à la prochaine.

S.Abdelmoumène a dit…

Hé Abdou tu es déjà de retour ou bien tu as fait ton commentaire depuis la France.

Merci de ta visite et au prochain épisode.

Bihi a dit…

Cet homme nous inspire beaucoup…. En effet Abdou, il y a de quoi être fière de faire partie de l’arbre géni alogique.
Merci beaucoup SalIh. On veut plus …

S.Abdelmoumène a dit…

Merci Bihi

Ce sont les premiers épisodes qui sont très difficiles pour moi, car celà est recueilli par personne interposée, sachant que les référentiels d'une personne à l'autre sont très disparates et des fois totalement opposés.
Mais je tiens le coup....

Abderrazaq a dit…

de ROTERDAM cher oncle