jeudi 25 octobre 2007

Mehdi "Lbantouri" -(23) - Le silo aux grains (6)

Beau programme en perspective, se disait Mehdi, mais le spectre de son père était tellement encore présent qu'il était prêt à tout pour rester loin dans le rural profond, prêt à s’envoler dans la nature et faire perdre sa trace. C'étaient ses seules envies du moment.

La première journée fût dure pour lui. Sous l’œil inquisiteur de Si Ahmed, qui voulait s’assurer que son garçon de bergerie connaissait bien son métier, Mehdi accomplit rondement sa tâche avec une aisance déconcertante.
Il reconnaitra plus tard que quand le troupeau est hétérogène et que le berger est obligé de gérer les humeurs plutôt galopantes des chèvres associées à celles des vaches plutôt nonchalantes c’est bien le pire des métiers sur terre.

Les journées se suivaient et se ressemblaient pour Mehdi. Ses employeurs remarquèrent son ardeur au travail. Il remplissait son contrat avec brio et en bonus, il donnait un coup de main dans le nettoyage des devantures de la maison, puisait l’eau, trayait les vaches rendant ainsi de fiers services à la maitresse de maison.
Par temps de pluie, où les sentiers n’étaient pas praticables pour conduire son troupeau, Mehdi accompagnait les hommes aux champs de plein gré et se défendait de rester les bras croisés.

Avec le temps il gagna l’estime de tout le monde dans le Ksar et notamment la gente féminine, à laquelle il dévoila ses connaissances, à son âge, de l’art culinaire.

Deux années s’écoulèrent alors que la colonisation rurale se développait d’avantage. 57 000 hectares de lots officiels furent distribués et près de 200 000 hectares achetés par des particuliers en 1922, tandis que le nombre d’immigrants européens augmentait sans cesse et atteignit 40 000 entre 1919 et 1922.

Les retombées de la premières guerre mondiale se ressentaient au Maroc par le rapatriement des rescapés de Verdun 1916, tous des goumiers blessés, pour la plupart estropiés, borgnes et souvent rafistolés à la hâte dans les camps des blessés.

7 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjourS.Abdelmoumene
je reagis aux dates que tu donnes
en cette periode, les escramouches entre "marocains et espagnol et français les "protecteurs du maroc"se multiplient
abdelkrim en 1921 defait la moitie de l'armée espagnol en une semaine, 20 000 espagnols mourront
En 1924 debarqua mon pere
a bientot
au fait as tu des nouvelles de DR Mouhib et majid blal, ils sont abesent de nos deux blog en cemoment

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour patrick,

Le Dr Mouhib était en congé. Un congé où il a voulu se déconnecter de tout. Soit tranquille, il se porte comme un charme. Il reprendra contact dans quelques jours et des poils de la bête avec.
Par contre Majid , je suis sans nouvelles


Merci de ton passage et à bientôt

Pas a pas a dit…

bonour S.Abdelmoumene
merci de ces informations ;elles me rassurent
amities

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah je retrouve la belle histoire de Mehdi avec grand plaisir ,j' aime beaucoup la façon dont tu rassembles les parties du puzzle,ta connaissance des plus fins détails du singulier periple de ton pére prouve que tu étais tres proche de lui .Continues à nous emerveiller.Salut

Majid Blal a dit…

Bonjour Salih.
Django is coming back, come on everybody to the saloon!!!
Je vois bien que la régularité est une de tes qualités. Dans l'écriture c'est une déterminante. Le parcours de "Mehdi" est tout en filigrane une suite de tuiles et de coups de veines. passer du chaud au froid, constamment, devrait lui forger le caractère, lui développer l'instinct et le sensibiliser à la condition humaine. Ce qui en somme fait donne le plus complet des des diplômes: Celui de l'école de la survie.
majid

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Dr Mouhib,

Heureux de te lire à nouveau, tes encouragements commençaient à me manquer.
N'oublie pas que c'est toi qui m'as fait me jeter à l'eau. Maintenant il faut que tu veilles au grain, une bouée à la main, des fois que je commence à siroter trop de flotte (Hi!Hi!).

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Majid!

Je commençais à me poser des questions à ton sujet, depuis mes condoléances sur le Blog du Dr Mouhib, pour le pauvre Aatani (Allah Irahmou), je ne t'ai plus lu. Je sais que c'est un coup terrible du sort mais la vie continue. N'y pense pas trop et que Dieu le reçoive dans ses célestes prairies.

Pour revenir à mon récit, je crois que tu as deviné quand tu as dit que la vie de Mehdi est faite de haut et de bas, de chaud et de froid, ce qui lui a rapporté à l'âge adulte un capital expérience non négligeable.
Tu te rappelles sûrement quand tu accompagnais feu FASKA quand il passait se ravitailler en vécu inouï mais réaliste chez Moha ouassou Taoussi au Souk ensuite au magasin chez Mehdi.
Je me posais souvent la question que viennent faire ces jeunes lettrés et bien informés chez mon père ? La réponse tu l’as dite : C’est l’école de la vie, un petit peu comme les grands sachems indiens qui parlent à leurs jeunots, nulle instruction de reçue mais le savoir était débordant de réalisme et de bon sens.

A bientôt Majid