dimanche 28 octobre 2007

Mehdi "Lbantouri" - (24)- Le silo aux grains (7)

Un jour, alors que Mehdi sortait son troupeau, Si Ahmed lui dit de ne pas trop s’éloigner du village car l’orage menaçait et cela pouvait devenir dangereux pour le cheptel du maalem (maitre).

Mehdi prit note et resta aux abords du village. Calfeutré dans sa djellaba, adossé à un arbre, dans une position confortable, il surveillait ses caprins, ovins et bovins sans se soucier du temps qu’il faisait. Mais le cumul de la fatigue de tous les jours, la position de tout repos qu’il a adopté lui jouèrent un mauvais tour. Il s’assoupit, baissant ainsi sa garde au destin qui était aux aguets et épiait les moments de faiblesse de sa victime pour lui porter une estocade.

Une demi heure plus tard, qui parut pour lui une éternité, il se réveilla en sursaut, écarquilla les yeux et se mit tout de suite à compter ses bêtes, convaincu que le sort était en perpétuel conflit avec lui et que celui-ci attendait le moment opportun pour lui déballer son invincibilité et sa rudesse.

Quand il découvrit la perte de ses trois bêtes, il comprit qu’il venait d’être lâchement agressé, au moment où il s’attendait le moins et s’apprêtait déjà à dire adieu à son travail.

Il reprit le chemin du retour avec l’espoir que ces trois chèvres auraient fait de même surtout qu’elles paissaient seulement à quelques cinq cents mètres du Ksar.

Arrivé à hauteur du Ksar, Mehdi avait la tremblote, non en raison du froid qui sévissait mais il pensait déjà au pire. Quand il vit Si Ahmed debout au coin de l’allée, les bras croisés, il sentit le roussi et savait que tout allait mal tourner pour lui. Mais il se disait toujours que les trois chèvres étaient sûrement retournées seules et que cela se passerait pour lui sans anicroches.

Quand il arriva à sa hauteur, celui-ci lui somma de faire rentrer les bêtes directement à la bergerie et de se présenter à lui immédiatement. Mehdi remarqua au passage qu’il n’y avait point de chèvres dans l’enclos, ni même dans la bergerie. Ses espoirs de clémence du sort s’évaporèrent incontinent et s’apprêta à passer un mauvais quart d’heure.

Une fois de retour chez Si Ahmed et sans aucune explication, Mehdi fut empoigné et poussé dans son réduit.
- tu ne bougeras pas d’ici jusqu’au retour de Si Ali !
- laisses moi, au moins, aller chercher les chèvres égarées avant que la nuit ne tombe.
- Pas la peine les trois chèvres ont été prises comme éléments de preuve par notre voisin Ouallal. Elles ont sautés la clôture de son verger et ont dévastés plusieurs lignes de laitue. Exactement comme cela s’est passé avec ton prédécesseur.
- Je vais alors lui demander pardon et ramener les chèvres répliqua Mehdi
- Oh cette fois-ci, il ne veut rien savoir, il est allé déposer plainte chez le chef de tribu et demande réparation du dommage causé.
- Je ne peux vraiment rien faire.
- Non absolument rien, j’ai pour consigne de te retenir dans ton réduit jusqu’au retour de Si Ali, alors ne me rend pas la tâche difficile, allonge toi sur ton paillasson et tais toi.

6 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjour
S.Abdelmoumen
encore une fois le petit garçon va vivre un instant difficile
vite la suite
patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah ; pauvre Mehdi encore une periode de vahes maigres ,fianalement il a commencé sa vie avec une courbe en dents de scie .Quant à tes ècrits le nageur est miuex que le maitre nageur .salut

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Patrick,

Exact, Mehdi n'avait pas beaucoup de chance dans sa vie. Bien des moments difficiles l'attendent encore.....

Salah

S.Abdelmoumène a dit…

Pour Dr MOuhib,

Je crois que l'épisode que je viens de finir et que je mettrai sur le blog demain ou après demain, après la révision d'usage, te plaira beaucoup.....
C'est la servitude humaine dans son paroxysme.
Bonjour à tout le monde

Majid Blal a dit…

Bonjour Salih.
je crois que le doc Mohamed a raison en parlant du nageur et" de ceux qui le regardent inventer l'amour pour dépasser le maitres" Tu se seras jamais submergé par aucun tsounami car tu as un Outar en plus des tiens pour affronter l'adversité. Les chants et la voix en plus, Tonton Mehdi aurait bien aimé serrer dans les moments durs, contre son coeur les notes grisantes d'une mélodie en mal d'amour et de fraternité.
M'jid

S.Abdelmoumène a dit…

Sacré Majid,

Il m'arrive encore de gratter les cordes de mon Outar, mais le contexte ne s'y prête pas. C'est un instrument, comme tu le sais, dont la caisse de résonnance (en cédre de préférence) est recouverte de peau de mouton ou de chèvre "Abatane" , qui a besoin de chaleur et d'air sec, pour se tendre au max et donner un rendu fidèle aux notes qu'on voudrait en obtenir. Tu me diras qu'il y a l'ampli. Mais rien n'y fait, l'Outar nature épouse mieux la mélodie berbère (plutôt amazigh) et lui sauvegarde toute son identité.
Enfin, tu viens de soulever un sujet de discussion assez vaste mais bien de chez nous. J'y reviendrai un jour si ça te chante. Pour revenir à Mehdi je crois que la fibre du Outar je la tiens plutôt de Innou (mâa, younou) qui, elle, est une marghadi de pure race dont ighass remonte à Issa Izm contemporain de Ouskounti, bien connu à Tadighousst.

A bientôt