lundi 24 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -15- La marche vers l'inconnu

Au fur et à mesure qu’il avançait, il faisait défiler devant ses yeux toutes les tâches qu’il savait maintenant faire. Mais il ne s’en enorgueillit point, car il se rappelait le jour où il était à Essaouira et où les enfants de son âge allaient à l’école alors que lui faisait la vaisselle, lui fils de surcroit d’un Adl lettré et averti. Il venait de déduire de cela que le bon sens était inné chez tout un chacun et qu’il ne s’acquière pas nécessairement par l’apprentissage et l’éducation. Néanmoins cette idée ne calmait point la rage qu’il avait contre son père car s’il y avait quelques choses qu’il ne lui pardonnait point, après les châtiments corporels, c’était bien ce manquement du devoir d’un père envers sa progéniture en matière enseignement.
A cet instant, l’apparition d’une silhouette au loin, tirant sa monture, le fit extraire de ses rêveries diurnes. C’était la première âme qu’il voyait depuis qu’il avait quitté Tlet El Hanchane.
Cela le tranquillisait quelque peu et se disait qu’il se rapprochait sûrement de quelques habitations où il pouvait déjà commencer à faire sa quête de travail.
Alors qu’il saluait au passage l’autre marcheur, qui arrivait en sens inverse, il lui fit signe de s’arrêter et lui demanda quelques informations.
Le prochain Douar était à une heure de marche mais n’apparaissait pas au loin en raison d’une légère montée.
Un chien méchant, duquel il faut se méfier, se trouverait au niveau de la première masure.
Non personne au village n’aurait besoin d’un berger.
Telles étaient les informations qu’il reçut de l’autre voyageur dans un dialecte berbère ponctué de gallicismes arabes. Mehdi avait appris le berbère durant les trois années de son séjour dans la région s’étalant entre Haha et Chiadma et le parlait couramment.
Arrivé en haut de la pente, Mehdi s’arrêta net, éberlué d’extase devant un paysage sublime qui s’offrait à ses yeux.
Une vallée, peu escarpée, toute en verdure se prolongeait à perte de vue si bien qu’on distinguait difficilement son flanc en ubac.
Mehdi n’en revenait pas, il se frottait les yeux, serait-ce la fatigue de la longue marche qui lui jouerait des tours ? Il se retourna et découvrit le chemin poussiéreux et désolant qu’il venait d’emprunter, se retourna à nouveau et découvrit ce paysage paradisiaque sorti de nulle part.

4 commentaires:

Pas a pas a dit…

bpnjour abdelmoumene
mais quel est ce village,paradis sur terre
vite la suite
amities
patrick

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour salah;le point positif dans cette histoire c' est la bonne santé de Mehdi,faire plsieurs km par jour à l' age de 14 ans c'est fort.Et ça va sans aucun doute l'aider à faire un bon demarrage dans sa vie d'adulte.
Par ailleurs je ne comprends tj pas pour quelle raison le "adle" avait sacrifier son devoir de pere?
enfin bravo pour le suspens du beau village , tu ne tiens en haleine!amicaleent.

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Patrick,

Ce fût entre les villages Khémiss Meskala et Ouanara sur la ligne entre Essaouira et Chichaoua en allant vers Marrakech.
Mais de nos jours, rien de tout cela n'existe plus à cause de la secheresse et la rareté de l'eau.
Je ferai passer des photos de la région prochainement.

S.Abdelmoumène a dit…

Bonjour Si Med,

Je me rappelle quand j'avais encore 13 ou 14 ans, j'accompagnai déjà mon père à casa (lui devait en avoir 60). Je te jure que je n'arrivais pas à le suivre dans les boulevards de Médiouna et Derb Omar. C'était un grand marcheur. Très résistant et puis il ne faut pas oublier qu'il a commencé à travailler à l'âge de 10 ans et que quelques Km c'était du gâteau.
Par contre pour le comportement de son père, Mehdi lui ne le comprenait pas même une fois adulte. J'en parlerai et je te laisserai le soin d'analyser ce personnage hors du commun.