mardi 4 septembre 2007

Mehdi "Lbantouri" -8- La fuite en avant

L’enfant se confia alors à la juive, qui abasourdie par le destin de cet être qui n’avait pour seul reproche que d’être venu au monde au mauvais moment ou au mauvais endroit, lui remit un peu d’argent pour payer le prix du billet de train pour Marrakech.
Mehdi la remercia longuement et pris la direction de la gare. Mais chemin faisant, il cogitait déjà une fois à Marrakech à son devenir et alors qu’il marchait d’un pas décidé, il s’arrêta net, on dirait un jouet auquel la pile rendit l’âme. Il se gratta un peu la tête, leva ses yeux vers le ciel, tournoya et changea de direction. Il venait de se dire que s’il rejoignit son oncle, il risquait d’être immédiatement intercepté par son père et ramené à son point de départ.
Il abandonna ainsi l’idée de prendre le train et conclue de quitter la ville à pieds à la recherche d’un gîte aux abords d’Essaouira.
Il marchait déjà sur la route depuis fort longtemps, la journée était lumineuse malgré un temps brumeux, il faisait un calme et un silence trompeurs, ponctués de temps à autre par le bruit que faisait un vent intermittent et glacial sur les talus et les arbres quasi dégarnis.
Maintenant, la vue se dégageait à lui et bien que la peur du vide le tenaillait, il avançait ardemment, car pour lui, la seule frayeur qu’il ne pouvait supporter est celle de se retrouver encore une fois avec son bourreau de père.
Alors qu’il tapotait des pieds dans les cailloux, il fut surpris d’entendre un bruit, peu commun, qui ne prenait pas essence de la nature, et qui rompait le calme auquel ses sens commençaient à s’habituer. Il s’arrêta un moment comme pour identifier son origine et s’aperçut que le son qu’il percevait s’accentuait de minute en minute. Il se précipita derrière un talus s’y atterra et de temps à autre jeta un coup d’oeil furtif dans la direction d’où naissait le bruit.Soudain, au tournant qu’il venait juste de dépasser, il voyait apparaître trois muletiers, bien enveloppés dans leurs burnous de laine blanche. Ses craintes alors se dissipaient au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient car en les scrutant, de la tête au pieds, il ne vit point de chapeau melon rouge caractéristique du couvre chef de son père.

4 commentaires:

Pas a pas a dit…

bonjour abdelmoumene
j'aime cette ecriture si simple et si imagée malgré tout
"ouf a la fin il ne voit pas son pere" je pense toujours à ce fabuleux livre "le pain nu"
je fais decouvrir ce livre a mes amis 4 a ce jour l'on lu et apprecié
Merci docteur mouhib de votre conseil
j'attends "le passé simple"
je viens de terminer "le temps des erreurs
amities

S.Abdelmoumène a dit…

Merci Patrick

Ta visite m'enchante à chaque fois, pour mon cas, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts avant que Mehdi ne revoit son père, mais suspense, bientôt l'épisode des retrouvailles, d'ailleurs peu communes. Tu verras...

Dr Mouhib Mohamed a dit…

Bonjour Salah,
Me mettre en t^ete des dédicaces de ton blog me flatte et me fait chaud au coeur. C'est très gentil à toi.
La lecture quotidienne de ton blog nous fait plaisir, à Zohra à Zaki et à moi m^eme. Les commentaires encourageants des autres lecteurs m'enchantent. J'aimerais que cela puisse se concrétiser dans un livre qui aura une bonne place dans notre petite bibliothèque inchaallah.
Bonne continuation, cher ami.

S.Abdelmoumène a dit…

Cher Mouhib
Ta position en tête n'est guère usurpée, j'ai toujours trouvé en toi outre le médecin compétent, l'ami et le confident qui n'a jamais cessé de porter beaucoup d'intérêt à mon devenir et à celui des miens. Si ce n'est pas là la définition d'un frère, qui mérite beaucoup de respect, c'est que la syntactique et les gallicismes propres à toutes les langues ont bien besoin d'être dépoussiérés.